Apprendre la révérence, bénéfique ou positif pour le cheval ?
De nombreux cavaliers enseignent la révérence à leur cheval, mais est-ce vraiment bénéfique ou positif pour lui ?
Les différents types de révérences
La révérence classique
On a tendance à utiliser le même mot, « révérence« , pour qualifier différents exercices. Au départ, ce mot désigne un exercice dans lequel le cheval pose un carpe (genou) à terre. Son antérieur opposé est tendu en avant et son poids reporté sur ses postérieurs.
On enseigne ce geste au cheval en lui demandant d’abord de plier l’antérieur lorsqu’on lui touche le carpe. Puis, on l’invite à garder le membre plié tout en baissant la tête et en reportant du poids en arrière. Peu à peu, il recule ses postérieurs et son antérieur plié, jusqu’à poser le carpe à terre. Une autre technique consiste à lui demander le pied puis à le tenir et à l’emmener doucement vers l’arrière tout invitant le cheval à reculer et abaisser son épaule. Enfin on peut partir du campo ou même de la révérence que je présente juste après et demander au cheval, depuis cet exercice, de poser son carpe à terre.
Apprendre la révérence classique à un jeune cheval est généralement très facile et rapide, car ils sont encore très souples. Par contre, un cheval adulte peut mettre beaucoup de temps à y arriver. Voire même ne pas y parvenir du tout. C’est pour cela qu’il faut être très doux et vraiment laisser le cheval décider de ce qu’il peut faire ou non.
La révérence à l’impératrice ou le salut de la reine
On utilise aussi le terme « révérence » pour un exercice un peu différent : la révérence à l’impératrice, que l’on peut aussi appeler le salut de la reine. Dans cette version, le cheval garde les 2 antérieurs tendus en avant et reporte son poids sur ses postérieurs.
Pour apprendre la révérence à l’impératrice à un cheval, on peut partir du campo. On l’invite alors à reporter du poids en arrière sans bouger ses antérieurs. Ou bien pose son stick derrière les carpes du cheval, ou une barre derrière ses pieds. Et on l’invite de même à reporter du poids en arrière et reculer ses postérieurs sans bouger ses antérieurs. Ou encore on pose un code sur un étirement qu’il pratique de lui-même.
On peut apprendre ces 2 exercices avec ou sans friandise, et ce choix fait une grosse différence pour le cheval !
Apprendre la révérence ou le salut de la reine à la friandise peut être dangereux et inconfortable pour le cheval
De nombreuses personnes s’aident de friandises pour apprendre la révérence à leur cheval. Qu’il s’agisse de la classique ou de celle à l’impératrice. En plus de mes réticences habituelles à l’utilisation de récompenses alimentaires, je trouve cela vraiment dangereux pour cet exercice particulier.
En effet, dans cet exercice, on utilise des friandises pour inciter le cheval à reporter son poids vers l’arrière tout en abaissant son sternum vers le sol. Pour ce faire, on les lui propose sous son sternum, entre ses antérieurs. Il doit alors tenter de les atteindre avec sa bouche, en venant enrouler tête et encolure sous son ventre. On considère alors l’exercice acquis quand le chanfrein du cheval est à l’horizontale, tête sous son ventre. Je te laisse taper « révérence cheval » puis « salut de la reine cheval » sur ton moteur de recherche, tu en verras des dizaines d’exemples.
Dans les 2 cas, dans sa tentative d’aller plus loin qu’il ne le peut naturellement pour attraper la friandise, le cheval tend à plier l’antérieur en appui ou les antérieurs. D’une part, il se retrouve dans une position très inconfortable, la tête sous le ventre. Et d’autre part, s’il glisse ou perd l’équilibre, il risque de tomber. Il s’écrasera alors la tête sous son ventre, et pourra se blesser sérieusement.
Apprendre la révérence ou le salut de la reine à un cheval à la friandise, c’est donc tout sauf bénéfique et positif pour lui !
Apprendre la révérence ou le salut de la reine comme un étirement, c’est coder un geste naturel, confortable et motivant pour le cheval
Lorsqu’on apprend la révérence ou le salut de la reine à son cheval sans friandises, il est impossible de le pousser au-delà de ses capacités. Il ne mettra jamais de lui-même la tête sous son ventre. Et ne pliera donc jamais non plus les antérieurs de lui-même. Il fera ce qu’il peut, et rien de plus, ce qui est parfait ! Donc déjà, il ne se mettra pas dans l’inconfort et encore moins en danger.
La révérence classique a peu d’intérêt pour le cheval, elle est plus intéressante en tant qu’étape vers autre chose
Très honnêtement, la révérence classique n’a pas de grand intérêt en elle-même pour le cheval. C’est juste un exercice possible pour le faire réfléchir et tester notre capacité à communiquer. Ou une façon amusante d’apprendre à un très grand cheval de nous aider à monter sur son dos à cru, par exemple. Ou encore une étape vers le coucher, notamment si le cheval sait la faire des 2 côtés.
Elle est en fait surtout intéressante quand elle est une étape pour déclencher la révérence à l’impératrice. Car cet exercice, lui, est très intéressant à apprendre au cheval. Et parfois, passer par la révérence classique peut aider le cheval à comprendre notre demande. Car il va juste la proposer pour parfaire l’étirement partiel que lui permet cet exercice.
La révérence à l’impératrice ou le salut de la reine, par contre, (demandé sans friandises) est un exercice bénéfique pour le cheval
Pour ma part, je n’aime pas le nom « révérence », et encore moins « à l’impératrice ». Idem pour le « salut à la reine ». Par ce que le concept d’un salut cérémonieux n’a pas de sens pour un cheval. Et qu’il n’aurait aucune raison d’en adresser à un humain s’il lui était possible d’en comprendre le sens. J’utilise tout de même ces termes parce que ce sont ceux que tout le monde utilise et comprend. Quand je parle de révérence dans mes posts, je parle généralement de celle à l’impératrice. Et pour moi c’est tout simplement un étirement que l’on propose au cheval. Un étirement qu’il sait parfaitement faire de lui-même. Et que l’on voit tout autant chez les chevaux sauvages que chez nos chevaux domestiques. Lesquels me le proposent d’ailleurs souvent après mes séances d’ostéopathie, quand elles les ont complètement détendus !
Apprendre la révérence (à l’impératrice) à son cheval comme un étirement, c’est un exercice bénéfique sur plusieurs plans. D’une part, lorsque le cheval l’utilise réellement pour s’étirer, cet exercice lui fait du bien. Il l’accompagne alors souvent d’une sorte de grognement de plaisir ou d’un gros soupir, tout en contractant ses muscles avant de les relâcher totalement. C’est un mouvement naturel qui lui fait le même bien qu’à toi lorsque tu t’étires. Raison pour laquelle le cheval est naturellement récompensé lorsqu’il répond à ta demande et effectue ce mouvement. Par son système de récompense interne qui renforce cette réponse sans que tu n’aies rien à faire. Cela crée chez lui une motivation intrinsèque à reproduire cet exercice par la suite. Et plus généralement à échanger avec toi, puisque tu as de si bonnes idées et que tu lui proposes des exercices qui lui sont si agréables !
Enfin, quand il le connaît bien, tu peux lui proposer cet exercice dans les situations qui le stressent. Par exemple, s’il est sur l’œil en extérieur. Ou quand un nouvel apprentissage l’amène à monter un peu en stress. Ou encore s’il est monté en pression pendant une phase de jeu avec toi. Il l’aidera à se débarrasser de ses tensions musculaires et psycho-émotionnelles. Il pourra même se mettre à le faire de lui-même dans ses situations lorsqu’il aura réalisé combien ça l’aide à se détendre.
Conclusion
Du moment qu’ils sont proposés avec douceur et dans le respect de sa nature et de ses limites, la majorité des exercices peuvent être intéressants pour le cheval. Parce qu’ils sont une opportunité pour ajouter de nouveaux mots au langage commun que l’on construit. Et parce qu’ils permettent de lui apporter du plaisir de différentes façon :
- en l’aidant à se détendre, comme avec la révérence ;
- en l’amenant vers des postures de confiance et de puissance ;
- en l’amenant à améliorer son équilibre et donc à se sentir plus confiant ;
- en lui permettant de résoudre des problèmes et de relever des défis…
Plus tu parviendras à l’encourager à faire des mouvements qui lui feront du bien, plus il aura de motivation à échanger avec toi. Alors fait plutôt le choix d’une motivation intrinsèque, et laisse ton cheval organiser son corps à sa façon. Ainsi, tu auras toutes les chances de ne lui proposer que des choses positives et bénéfiques. Pour lui comme pour votre relation !
Et si tu as besoin d’aide pour apprendre à proposer à ton cheval des échanges qui le motiveront un peu plus à chaque séance, rejoins la formation en ligne « Objectif Motivation » ! Elle te guidera pas à pas vers la création d’un magnifique partenariat avec lui.