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Relation humain / cheval sans récompenses alimentaires friandises - Laure Souquet - Formation en ligne De Femme à Cheval

Cheval et récompenses alimentaires

Dans la relation au cheval, la question des récompenses alimentaires est souvent un sujet brûlant… Et pourtant il est difficile de l’éviter puisque tout le monde te questionne à ce sujet. Notamment, dès que tu publies une vidéo. Pourquoi ne leur donnes-tu pas de friandises ? En réalité, c’est un choix délibéré que j’assume à 100%. Et qui permet selon moi une bien meilleure qualité de lien. Je t’explique de suite pour quelles raisons.

1 _ Je veux créer chez le cheval une motivation intrinsèque à me suivre

Qu’est-ce qu’une motivation intrinsèque ?

Quand j’évolue avec un cheval, je veux pouvoir être sûre à chaque instant qu’il est d’accord avec ce qui se passe. Et je veux même qu’il ait réellement envie de me suivre et de se prêter aux déplacements ou ou mouvements que je lui suggère. Je veux que sa motivation à échanger avec moi soit intrinsèque. C’est à dire qu’elle vienne du plaisir qu’il prend à être et à bouger avec moi.

Or, si j’utilisais une récompense alimentaire pour le motiver le résultat serait exactement le même que si je le punissais lorsqu’il ne faisait pas ce que je veux. C’est à dire que sa motivation serait extrinsèque. Il ne ferait pas telle ou telle action pour le plaisir qu’elle lui procure mais dans l’espoir d’obtenir une friandise. Comme il pourrait le faire de peur d’être puni si j’avais recours à la punition. Dans les 2 cas, le cheval me suivrait pour une raison extérieure à moi et à la qualité du moment ou de l’activité que je lui propose.

De ce fait, je n’aurais plus à me préoccuper de la qualité de ce moment ou de cette activité. Pour une récompense alimentaire, il me suivrait même si j’étais énervée ou stressée. Il ferait de son mieux pour me proposer quelque chose même si je manquais de clarté dans ma demande – quitte à me sortir tout son répertoire. Et il serait même prêt à effectuer un mouvement qui lui ferait mal, parce que la nature l’a programmé à tout faire pour du sucre.

C’est pourquoi je mets punition et récompense alimentaire sur le même plan. Et c’est pourquoi je les bannis l’une comme l’autre de mes échanges avec les chevaux.

Comment créer chez le cheval une motivation intrinsèque à me suivre ?

Si je veux qu’un cheval me suive, je dois donc lui en donner l’envie par moi-même. En étant une personne calme et douce auprès de laquelle il se sent bien. En communiquant avec lui de façon claire, afin qu’il soit toujours sûr de ce que j’exprime. Enfin, en lui demandant uniquement des choses qu’il peut faire facilement et confortablement. Et qui en plus lui procurent du plaisir afin que ces actions le récompensent en elles-mêmes.

En résumé, je dois devenir la cavalière dont il a besoin.

Alors oui, c’est un sacré défi que d’arriver à être cette personne pour chaque cheval avec lequel il m’est donné de communiquer ! Mais quelle joie et quelle liberté !! Quelle joie de savoir que le cheval me suit par pur envie et plaisir d’être à mes côtés ! Quelle liberté de n’avoir besoin de rien pour le motiver ! Nul besoin de vérifier mes stocks de friandises avant d’aller voir le cheval quand on communique sans récompenses alimentaires… Sans parler de l’incroyable opportunité que chaque cheval me donne alors de m’améliorer. De devenir encore plus calme, plus douce, plus consciente de moi et de ce qui m’entoure, plus précise dans mes gestes et dans mon intention… Chaque échange m’offre la vérité pure et simple sur ma qualité d’être et de faire.

2 _ Je veux créer avec chaque cheval une relation de confiance et d’amitié

Le renforcement positif n’est pas forcément positif pour le cheval…

Cela va probablement te surprendre, mais pour moi utiliser des récompenses alimentaires nuit à la création d’un lien de confiance et d’amitié avec le cheval.

Quantitativement parlant, c’est du renforcement positif, c’est vrai. C’est à dire que lorsque le cheval fait ce que tu lui demandes, tu lui donnes quelque chose afin qu’il soit tenté de reproduire ce comportement la prochaine fois que tu referas la même demande. Au départ il y avait toi et le cheval et tu as ajouté la friandise. On symbolise cet ajout par un + , et donc on parle de renforcement positif. Par extension, on a commencé à parler d’éducation positive. L’ennui c’est qu’à ce moment on est passé d’un sens quantitatif du mot « positif » à un sens qualitatif. On a traduit un + qui signifiait « j’ajoute quelque chose » à un + qui signifie « ce que je fais est bien au sens moral ». Mais c’est loin d’être aussi simple que ça.

En effet, imagine que l’on fasse la même chose avec le principe de la punition positive. Une punition positive c’est quand ton cheval fait quelque chose que tu n’apprécies pas et que tu lui donnes par exemple une baffe pour le punir. Au départ il y a toi et ton cheval en train de communiquer, et tu ajoutes une baffe à l’équation. On symbolise cet ajout par un + donc on parle de punition positive. Donc si on suit la logique appliquée au renforcement positif, cette forme de punition est bien au sens moral ? On voit bien que ça ne tient pas. Et pour cause, on parle de quantité et non de qualité.

Regardons donc de plus près l’aspect qualitatif d’une relation au cheval basée sur l’utilisation de récompenses alimentaires.

En réalité, l’utilisation de récompenses alimentaires induit entre ton cheval et toi une relation de dominance

Une récompense alimentaire ou une friandise, qu’est-ce que c’est ? C’est un aliment de préférence riche en sucre et donc appétant auquel ton cheval n’a pas accès en libre service. Riche en sucre parce qu’il faut qu’il soit attiré par cet aliment. Non accessible en libre service car alors il n’en aurait pas forcément envie au moment où tu le lui proposerais. Ou en tous cas pas assez pour fournir un effort en vue de l’obtenir. Ce serait comme chercher à le motiver à te suivre pour une poignée d’herbe alors qu’il est au pré et qu’il en a jusqu’au ventre… Une récompense alimentaire est donc une ressource limitée.

Or, si l’on se réfère à nos connaissances en éthologie, entre chevaux des relations de dominance interviennent uniquement pour déterminer la priorité d’accès à une ressource limitée.

Donc, puisqu’il interprète le monde à travers son propre prisme, lorsque tu introduis entre vous une friandise, ton cheval se trouve dans une situation où il doit y avoir un dominant et un dominé. Puisque c’est toi qui contrôles la friandise, tu es le dominant. Et ceci même si tu apprends à ton cheval à ne jamais chercher à attraper cette récompense. Il ne s’agit pas de lui demander de faire preuve de « politesse« . C’est un concept humain qui n’a aucun sens pour lui. Il s’agit de lui demander d’accepter une bonne fois pour toute qu’il ne pourra obtenir de récompense que s’il fait exactement ce que tu lui demandes- par exemple détourner la tête quand tu sors en sors une. Donc de faire preuve de soumission.

De ce fait, aussi longtemps qu’il y a une friandise entre vous, ton cheval est en stress. Parce que les relations de dominances s’établissent grâce à des comportements d’agression ou en tous les cas de menace. Donc soit il se montre agressif, soit il craint que tu l’agresses. À partir du moment où tu as toujours des friandises en poche, cette relation de dominance définit toute votre relation. Or les éthologues estiment que si les interactions entre 2 chevaux sont majoritairement de type agressif, ils ne peuvent être amis. C’est la 2ème raison pour laquelle je bannis les récompenses alimentaire de ma relation au cheval. Car je veux être amie avec lui.

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3_ Je veux apporter au cheval calme et confort, ce qui exclue l’utilisation de récompenses alimentaires

Enfin, tout animal – l’humain y compris – est naturellement programmé pour mettre en œuvre toute l’énergie possible pour obtenir un aliment hautement nutritif. Le sucre, en particulier, tend à avoir pour les animaux le même attrait qu’aurait une drogue dure sur un dépendant. C’est ce qui explique l’état d’excitation dans lequel se mettent les chevaux dès lors que tu sors une carotte ou autre friandise de ta poche. ( Clique ici si tu veux en savoir plus sur ce sujet)

Or, si tu communiques avec un cheval avec une réserve de friandises dans ta poche, il les sent. Il est donc obnubilé par leur présence et prêt à tout faire pour les obtenir. Il apprend vite que tu es le dominant, et qu’il ne peut les avoir qu’en faisant certains gestes. Alors il tente tout ce qu’il peut, tout ce dont il sait que ça pourrait te faire sortir une récompense alimentaire. Il est sur les charbons ardents ! Impatient, frustré, excité…

La pression devient trop forte et il saute en l’air pour l’évacuer ? Tu lui donnes alors une friandise ? Yes, il a trouvé !! Il est maintenant prêt à exploser en cabrés, ruades et autres pour un peu de sucre. Eh non, ce n’est pas de l’enthousiasme ni de la joie de vivre… C’est le résultat d’un apprentissage car tu as un jour validé une expression de son stress et de sa frustration.

Pour ma part, je veux que le cheval passe un bon moment à mes côtés. Et ce que cherche un cheval, c’est d’abord la sécurité puis le confort. Je veux donc qu’il se sente en confiance à mes côtés, et que nous puissions communiquer et interagir dans la joie et le calme. Oui, un jour on jouera. Mais ça viendra d’un mouvement de joie. Ce sera passager, et ce sera précédé et suivi de longs moments de calme…

4_ Je veux communiquer avec le cheval le plus naturellement possible

Les chevaux ne nous demandent rien. C’est nous qui avons le désir ou la volonté d’entrer en lien avec eux. De ce fait, c’est nous qui portons la responsabilité de nos interactions avec eux. Et entre autres de la communication. C’est en tous cas mon point de vue.

Aussi, quand je vais vers un cheval j’estime que c’est à moi de faire l’effort de m’exprimer de façon à ce qu’il me comprenne. C’est à moi d’apprendre à le lire et à le comprendre, de façon à créer un langage que nous puissions partager. Ce n’est pas lui qui doit apprendre à me comprendre et faire l’effort de s’adapter à moi.

Or l’offrande de nourriture ne fait absolument pas partie de l’éthogramme du cheval. Ce qui signifie qu’offrir ou se faire offrir de la nourriture n’a aucun sens pour lui du point de vue de la relation. Si je lui offre de la nourriture, je ne deviens pas son amie. Je deviens son distributeur de bonbons. Il apprend à appuyer sur les bons boutons pour en faire sortir de mes poches. Mais ce n’est pas de la communication, ne serait-ce que parce que ça ne va que dans un sens. Et ça n’a rien de naturel.

C’est la raison pour laquelle l’utilisation des récompenses alimentaires demande un apprentissage de la part du cheval. Il doit faire un effort pour comprendre comment fonctionne ce système. Comment obtenir les friandises. Il doit en permanence résoudre des problèmes. Mais nous, nous ne sommes pas forcés de l’écouter lui… À mon sens, nous ne créons pas un langage avec lui. Nous lui demandons d’apprendre à obtenir de la nourriture d’une façon différente de ce que la nature a prévu pour lui.

Le monde du cheval est un monde de présence à soi et à l’autre. Un monde d’écoute, où on communique son intention de façon subtile. C’est là que je veux le rencontrer…

Voilà les principales raisons pour lesquelles j’ai toujours exclu les récompenses alimentaires de mes rapports avec les chevaux comme avec les autres animaux. Pour moi, elles ne sont qu’un artifice qui se place entre nous, le cheval, et notre aspiration à une relation calme, sereine et mutuellement bénéfique. C’est un choix personnel, qui découle de mon expérience personnelle. Si tu souhaites apprendre à communiquer avec le cheval sans ces récompenses alimentaires, mes formations t’y aideront. Si tu veux utiliser ces récompenses, je respecte ton choix et tes raisons.

12 commentaires sur “Cheval et récompenses alimentaires

  1. votre article est très intéressant et he le trouve très juste. je dois admettre que’au plus profond de moi, l’utilisation des récompenses, qui au début étaient pour moi, jeune, une façon de remercier le cheval, sans arrière pensée et devenu, avec ma jument actuelle, une façon d’être dominante avant tout. a la lumière de votre article, et de toud vos enseignements, je vais travailler sur moi pour cesser cette utilisation faussée des friandises.
    par contre, pensez vous que je puisse déposer dans la mangeoire ou dans son pré des carottes, à distance, pour garder un côté « agréable » : ma jument a tendance à l’anbonpoint et n’a que du foin en plus de l’herbe, selon les saisons.

    1. Bien sûr ! Donner à son cheval des fruits et légumes est une très bonne façon de varier son alimentation et ses apports. Tant qu’ils ne sont pas utilisés comme des récompenses, on peut tout à fait lui en offrir. De le même façon qu’on lui donne un seau de complément. Pour ma part, j’aime disperser fruits et légumes dans leur pré et les laisser les découvrir par hasard.

  2. Bonjour Laure,
    Ce que vous dites sur les friandises est très songé et logique.
    Je me permets, par contre, de vous poser une question.
    Quand on a toujours donné une friandise pour noter un bon geste à son cheval et que cela le motivait +++, comment faire pour cesser la friandise et remettre en équilibre la relation sans friandise? J’ai éduqué ma jument avec cela depuis qu’elle a 9 mois et elle aura bientôt 4 ans. C’est une haflinger, c’est des chevaux extrêmement gourmand…
    Merci!

    1. Bonjour,
      Le plus simple est de tout arrêter du jour au lendemain. Les chevaux vivent dans l’instant. Si elle ne sent plus de friandises sur vous, elle va chercher quelques minutes et puis passer à autre chose. Vous verrez que ça se passera très bien. 🙂 Je le fais très souvent avec des personnes qui viennent en stage et elles sont toujours surprise de la belle réaction des chevaux qui sont de suite plus concentrés sur elles.

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