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Peut-on et doit-on "travailler" avec son cheval au pré, dans son troupeau ? - Laure Souquet - Formations Équestres De Femme à Cheval

Peut-on et doit-on « travailler » avec son cheval au pré ?

Est-ce une bonne idée de « travailler » avec son cheval au pré, dans son troupeau ? Voici une question que l’on me pose souvent. Et notamment parce que nombre de moniteurs pensent et disent que non. Que le cheval y est chez lui et qu’il faut respecter cela. Pour ma part, je crois au contraire que c’est la meilleure idée qui soit. Je t’explique pourquoi.

Pour le cheval, il ne s’agit pas de « travailler », qu’il soit au pré ou ailleurs, mais de communiquer

Pour le cheval, le concept de « travail » n’a pas de sens. Il ne « travaille » pas, il communique avec toi. Or, communiquer, c’est ce qu’il fait à longueur de journée avec ses congénères. En effet, il vit en troupeau, et donc se déplace avec le troupeau, partage des activités avec les autres, etc, du matin au soir et du soir au matin.

Tu ne peux donc pas appliquer au cheval ta propre conception du travail. Ce serait faire de l’anthropomorphisme. C’est à dire lui attribuer une pensée ou une réaction propre aux humains. Mais si tu veux le comprendre et échanger avec lui, tu dois au contraire faire l’effort de regarder les choses de son point de vue. Sans quoi tu passeras toujours à côté de sa nature véritable et il te sera impossible de connecter sainement avec lui.

Alors oui, c’est vrai, communiquer nécessite un apprentissage, et donc un effort. De même que répondre à la sollicitation d’un humain qui t’invite à trotter ou à galoper. Mais pour le cheval, il n’y a pas de différence entre ce que tu lui demandes au pré, quand tu vas l’y chercher, puis en carrière ou en manège. Accepter un licol, suivre l’humain jusqu’à la sortie du pré, passer une porte, pousser ses hanches pour que l’humain puisse fermer cette porte, continuer de le suivre en s’éloignant des congénères… Puis entrer dans un autre espace, suivre l’humain qui lui demande de bouger ses hanches ou ses épaules, de bouger sur un cercle ou à son épaule… La différence n’existe que dans ton esprit, qui compartimente. Le cheval, lui, vit l’instant. Et à chaque instant, où qu’il soit, il répond à tes demandes… Il communique avec toi.

Tout échange avec le cheval commence au pré, donc quel meilleur endroit pour apprendre à communiquer ?

À partir du moment où ton cheval vit dehors, tout échange avec lui commence dans son pré. Lorsque tu vas l’y chercher. Par conséquent, tu commences forcément à communiquer avec lui et à lui faire des demandes dans ce pré. Ce qui en fait le meilleur endroit pour apprendre à communiquer et donc pour « travailler » à pied.

Pour moi, il n’y a en effet aucune logique à séparer l’échange que l’on a au pré de celui que l’on a en carrière ou en extérieur. Parce que dans tous les cas on demande la même chose au cheval. Dans un souci de cohérence, il paraît donc évident de commencer à construire un langage avec le cheval dans son pré.

J’aime commencer à construire une communication avec le cheval lorsqu’il est en liberté. Cela me permet de préparer la mise du licol. Car s’il sait déjà que je sais écouter ses plus petits signaux, il me fera plus facilement confiance. Et s’il sait déjà venir vers moi, me suivre à l’épaule, tourner en cercle autour de moi, etc, lorsque je mettrai la longe il saura déjà me comprendre. La 1ère fois que lui viendra l’idée de s’en aller et que je le retiendrai grâce à cette longe, ce sera donc beaucoup lus simple de le rassurer et de le convaincre de rester à mes côtés.

Commencer à « travailler » avec le cheval au pré permet donc de lui faciliter grandement la suite.

Dans son pré, dans son troupeau, le cheval se sent en sécurité, donc il peut apprendre

Comme l’humain, le cheval est incapable d’apprendre lorsqu’il est stressé. Lorsque tu veux aborder avec ton cheval quelque chose de nouveau, il est donc important de le faire lorsqu’il est calme. Ce qui fait du pré le meilleur endroit pour « travailler » avec ton cheval. En effet, le pré est un endroit clos et sécurisé, où tout se passera bien même si tu lâches ta longe ou si le cheval te quitte en liberté. Le sachant, tu peux être toi-même détendue. Et par là même, apporter du calme à ton cheval. De plus, lui se trouve dans un environnement connu où il se sent en sécurité. Et qui plus est il y est entouré de ses congénères, dont la présence le rassure énormément.

De ce fait, je conseille toujours à mes élèves de commencer à construire une communication avec leur cheval au pré. Parce que cela leur permet de poser des bases solides à leurs échanges en toute tranquillité.

Sans compter qu’une fois dehors, ton cheval et toi pourrez être confrontés à de nombreux défis. Pour commencer, il faudra le convaincre de te suivre hors du troupeau. Puis, parvenir à le rassurer dès que quelque chose lui fera peur. Et pour ça, il sera primordial que vous sachiez communiquer l’un avec l’autre avec précision. Car une fois monté en stress, ton cheval ne pourra plus réfléchir ! Plus tu auras passé de temps à consolider confiance et communication au pré, plus ton cheval et toi serez donc en sécurité à l’extérieur.

Le « travail » que tu proposes au cheval n’est pas censé lui être désagréable, que ce soit au pré ou ailleurs

On entend bien souvent dire que le pré est le « chez lui » du cheval et qu’il ne faut pas l’y embêter. Ce qui m’ennuie avec cette notion, c’est qu’on part alors du principe que ce que l’on propose au cheval est désagréable pour lui. Et cette partie de la phrase ne semble gêner personne. Mais pourquoi ce que l’on propose au cheval devrait-il lui être désagréable ?

Au contraire, à mon sens si tu veux motiver ton cheval à échanger avec toi, tu dois lui rendre cet échange agréable ! Faire en sorte qu’il passe toujours un bon moment avec toi. Et qu’il apprécie ta compagnie. Au pré, il passe sa journée à communiquer avec d’autres chevaux. Il ne devrait pas y avoir de différence quand il communique avec toi.

Donc, si tu crains de déranger ton cheval au pré, ne l’emmène ailleurs pour ça. Demande-toi plutôt ce que tu peux modifier à ton approche pour que ta présence soit agréable à ton cheval. Et pour que tes propositions lui apportent bien-être et confort plutôt que de l’embêter.

« Travailler » avec le cheval au pré avec ses amis te permet de savoir s’il a vraiment envie d’échanger avec toi

Une autre chose que j’adore avec le « travail » au pré, en liberté en tous cas, c’est que le cheval peut vraiment te dire ce qu’il ressent concernant vos échanges. Parce qu’au pré dans son troupeau, il a le choix entre eux et toi. Il faut donc qu’il te fasse vraiment confiance, que vous vous compreniez vraiment bien et qu’il aime vraiment bouger avec toi pour qu’il accepte de te suivre. Pour moi, c’est un moyen de vérifier où j’en suis dans mon lien au cheval. J’aime commencer à échanger de cette façon, et continuer de le faire de façon régulière tout au longe de notre relation.

En réalité, si je conduis parfois mes chevaux en carrière, c’est simplement parce que dans mes prés les sols sont toujours irréguliers et en pente. Ce qui rend certains exercices que je leur propose plus compliqués à gérer pour eux. Sans compter les moments où les herbes sont plus hautes que moi et où nous n’avons pour bouger que les étroits sentiers qu’ils tracent en se déplaçant ! Mais la liberté au pré est vraiment pour moi la meilleure façon de construire une relation juste avec le cheval. Alors surtout, ne te prive pas de cette occasion de suivre au plus près la guidance de ton cheval pour devenir la cavalière dont il a besoin !

Laure Souquet

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