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Laure Souquet - De Femme à Cheval - Equitation intuitive et connectée - Monter à cheval avec douceur et légèreté - Équitation sans mors

Monter sans mors, une équitation plus douce ? equinessentiel

Monter à cheval avec ou sans mors, voilà encore un sujet qui fait débat dans le monde de l’équitation. Certains cavaliers sont de fervents opposants à l’utilisation d’un mors. D’autres ne jurent que par lui. Et d’autres enfin travaillent tantôt avec et tantôt sans. Petit tour d’horizon de ce sujet épineux…

Monter à cheval avec un mors, une question d’habitude

Si tant de cavaliers utilisent un mors pour monter à cheval, c’est avant tout une question d’habitude. Il en va du mors comme des fers : la très grande majorité des cavaliers apprennent à monter dans des structures où les chevaux en portent. Aussi, c’est tout naturellement que lorsqu’ils deviennent propriétaire d’un cheval ils reproduisent ce qu’ils ont appris. D’ailleurs, si le cheval est logé dans un poney club ou un centre équestre classique, le débourrage puis le travail ne s’envisagent souvent qu’ainsi. Mettre des fers à son cheval et le monter avec un mors, cela va simplement de soi pour la plupart des gens. Ce n’est que lorsque des problèmes apparaissent, bien souvent, que les cavaliers s’intéressent à d’autres pratiques.

Ils  découvrent alors le pieds nus ; l’équitation sans mors ; les compléments sans céréales ; le slow feeding ; les médecines dites alternatives pour la santé du cheval… Un univers bien loin de ce que l’on considère aujourd’hui comme l’équitation classique ! S’écartant des sentiers battus, ils sont parfois la cible de critiques des autres cavaliers, ce qui ne facilite pas leur transition. Pourtant, loin d’être un effet de mode comme certains le prétendent, cette autre façon d’aborder le cheval est avant tout un chemin vers un plus grand respect de sa nature et de sa sensibilité. En effet, ce que l’on reproche le plus aux mors, ce sont les douleurs et les blessures qu’ils infligent aux chevaux. L’équitation sans mors est donc considérée comme étant plus douce. Mais est-ce vraiment le cas ?

Le mors, un outil dangereux et douloureux pour le cheval

Que l’on soit pour ou contre l’utilisation du mors, il est une réalité que l’on ne peut nier. C’est que celui-ci repose sur les barres, une partie on ne peut plus sensible de l’anatomie du cheval ! Concrètement, les barres correspondent à une partie des mandibules – mâchoires inférieures – du cheval qui sont dépourvues de dents et recouverte d’une muqueuse fine et très innervée. Considérant que les mors sont le plus souvent composés de métalleur potentiel à infliger douleur et de blessures au cheval est tout simplement indéniable. Quiconque prétendrait le contraire ferait preuve de mauvaise fois. De plus, l’appui du mors sur la langue du cheval comprime celle-ci et la repousse contre les dents. Si les molaires du cheval présentent des pointes, il peut se blesser la langue dessus. Et lorsque le cavalier tire sur un mors releveur – mors de filet- ce sont les commissures des lèvres qui sont blessées. On peut aussi parler des chevaux montés en mors malgré des dents de loup ou de cochon. Ou des extractions de ces dents imposées aux chevaux pour faire place au mors qui s’appuie alors sur une gencive fragilisée.

Donc, oui, le mors est un outil dangereux et potentiellement douloureux pour le cheval. Imaginez la pression les chocs imposés à ces barres si sensibles par des mains instables ! Ou la pression exercée dessus ou sur la commissure lorsque le cavalier se plaint de douleurs aux épaules à force d’avoir tiré sur son mors pendant une heure !! Sans parler des expressions telles que « casse-lui une dent » ou « met-lui un coup de sonnette » qui illustrent bien la douceur des relations qui peuvent exister entre mains du cavalier et bouche du cheval…

Le mors devrait donc être un outil réservé aux couples cavalier / cheval expérimentés

Toute personne raisonnable et honnête ne peut que reconnaitre qu’un tel outil devrait être utilisé avec la plus grande prudence et la plus grande délicatesse. Ce qui veut dire que son usage devrait être réservé aux cavaliers expérimentés. Des cavaliers ayant une bonne assiette et une main stable et douce. De plus, ces cavaliers ne devraient y avoirs recours qu’avec des chevaux déjà éduqués. Des chevaux ayant appris à répondre aux indications posturales du cavalier. Que l’on puisse diriger avec ses jambes et ses épaules, sans jamais avoir à tirer sur les rênes. Grâce à un contact doux avec la bouche du cheval, le cavalier viendrait simplement donner des informations ponctuelles pour augmenter la précision de ses demandes. Utilisé de cette façon, l’impact d’un mors sur les barres et la bouche d’un cheval est bien moindre. 

Afin de ménager et de respecter l’intégrité physique du cheval, son éducation sous la selle devrait donc se faire sans mors. Et il devrait en être de même de l’éducation des cavaliers. À mon sens, aucun débutant ne devrait tenir des rênes reliées à un mors. Le permettre, c’est accepter que le cheval fasse les frais de l’inexpérience et des erreurs du cavalier. Non seulement la bouche des chevaux serait alors préservée, mais en plus les cavaliers cesseraient d’associer la présence du mors à un sentiment de sécurité. Car c’est là l’un des arguments forts des cavaliers en faveur du mors.

Monter à cheval avec un mors permet-il vraiment d’être plus en sécurité ?

Pour de nombreux cavaliers, le mors est un gage de contrôle et donc de sécurité. Peut-être fais-tu déjà partie de ceux pour qui s’est le cas. Pose-toi alors la question suivante : t’es-tu déjà fait embarquer par un cheval équipé d’une embouchure ? Ce mors t’a-t-il alors réellement aidée ? De fait, tout cavalier ou presque s’est déjà retrouvé désemparé sur un cheval qui s’était emballé. Et dans ces cas là, avec ou sans mors, il n’y a pas à dire : c’est le cheval qui a le dessus. En réalité, la sécurité est toujours relative lorsqu’on monte à cheval. C’est une activité risquée et tout cavalier le sait.

Ce qui garantit la plus grande sécuritéce n’est pas la présence d’un mors dans la bouche du cheval. C’est la confiance qu’il a en lui et en son cavalier et la clarté de leur communication à tous les deux. Le cheval qui « prend le mors aux dents » réagit en fait à une peur ou à une douleur. Lui faire mal – ou plus mal encore – en lui tirant de toutes ses forces sur la bouche n’a guère de chances de l’aider à se calmer. Si le mors dans la bouche de votre cheval te donne une impression de sécurité, il est donc peut-être temps de t’interroger sur tes peurs et de revoir ta façon de communiquer avec ton cheval.

Oui, mais avec un mors on communique de façon plus précise avec le cheval !

Voilà un deuxième argument en faveur du mors. Celui de la précision. Lorsque je parle d’équitation sans mors avec des cavaliers, certains me regardent d’un air navré ou condescendant en m’affirmant que sans mors on ne va pas loin avec un cheval. Que cet outil est un outil de précision sans lequel on ne peut dépasser un certain niveau de dressage.

Je veux bien admettre que sa position dans la bouche assure plus de précision que la majorité des ennasures en ce qui concerne la communication avec les rênes. Cependant, un cavalier n’est pas censé diriger son cheval avec ses mains. Le mouvement du cheval doit venir de l’arrière. Il doit répondre au plus léger contact de la jambe du cavalier lui demandant d’engager ses postérieurs. Et l’incurvation doit résulter de la position des épaules, du bassin et de la jambe intérieure de celui-ci. En réalité, un bon cavalier devrait pouvoir gérer la direction et les allures de sa monture avec les rênes posées sur l’encolure. S’il n’en est pas capable, alors il n’est pas en équilibre et son cheval ne peut pas l’être non plus. La question du mors n’est donc pas encore d’actualité pour lui.

L’équitation sans mors, loin d’être une simple mode, relève donc du simple bon sens !

Monter à cheval sans mors semble donc la solution la mieux adaptée à la majorité des cavaliers comme des chevaux. Tant qu’on n’aborde pas la Haute École, une ennasure est bien suffisante pour évoluer avec un cheval. Et même alors de plus en plus de cavaliers restent sans mors ! Cela permet au cavalier comme à son compagnon équin de faire des erreurs, en limitant les risques de douleurs pour ce dernier. Considérant cela, toutes les écoles d’équitation devraient travailler ainsi. Quant à nous, cavaliers, nous devrions nous demander avant de mettre un mors dans la bouche d’un cheval si nous saurons l’utiliser et si le cheval y est prêt

Pour ma part, je pratique une équitation sans mors. Pour l’instant, je n’éprouve pas le besoin d’en utiliser un et je ne suis pas sûre que cela viendra. Mon mari qui est très bon cavalier monte ses chevaux avec un mors. L’un d’eux maîtrise tous les exercices de Haute Ecole et l’autre progresse dans cette direction. Chacun de nous s’adapte s’il monte les chevaux de l’autre. Lorsque nous débourrons un cheval, nous commençons toujours sans mors. Si le propriétaire le désire, nous l’introduisons lorsque le cheval y est prêt. Et il nous arrive de conseiller de rester en ennasure car le cheval n’apprécie pas le mors ou parce que le cavalier manque de stabilité pour l’utiliser. Nous ne sommes pas sectaires, nous considérons que chaque cheval et chaque couple cavalier / cheval est différent. La meilleur solution dépend de multiples paramètres, et tout est possible tant que le bien être du cheval passe en premier.

Même sans mors, une mauvaise main peut cependant blesser le cheval, surtout avec une ennasure sévère !

L’équitation sans mors ne rime malheureusement pas avec respect ni avec douceur. Quoi qu’on lui mette dans les mains, un cavalier peut se montrer dur et violent envers son cheval. Aussi est-il important de garder à l’esprit que le cheval est ton ami, ton compagnonAssure-toi d’avoir des actions aussi douces que possibles. Et dis-toi que si tu éprouves le besoin de tirer sur tes rênes, c’est qu’il y a un problème ! Reviens à la base, et apprends à mieux communiquer avec ton cheval.

Choisis également une ennasure douce, d’autant plus si tu débutes ou manques de précision. Un hackamore peut priser l’os nasal du cheval. Et un licol en corde comme ceux utilisés dans l’équitation américaine dite « éthologique » laisse de profondes marques sur le chanfrein lorsqu’on tire dessus. La corde fine pénètre les chairs et peut les brûler. Un main dure sera toujours dommageable au cheval. Comme avec un filet, il est important de veiller à ce que ta muserolle soit assez lâche pour permettre le libre mouvement des mâchoires de ton cheval. Si tu éprouves le besoin de la serrer pour la stabiliser, c’est que tu tires sur tes rênes ou que cette ennasure est inadaptée. Prends le temps de trouver une solution qui te convienne, ainsi qu’à ton cheval !

Laure Souquet
Photographe : Kevin Simonet


7 commentaires sur “Monter sans mors, une équitation plus douce ? equinessentiel

  1. j’aime vos commentaires justes, dans l’intérêt et le respect du cheval… j’ai vu un reportage au sujet de l’entraînement aux JO… et l’horreur de ce qu’on leur fait subir… une personne chargée de surveiller d’éventuelles maltraitances a été nommée… il a même été question de supprimer la compétition au JO… Je suis très admirative du respect, de l’amour et de l’attention pour le bien-être, que avez pour chevaux. Merci ❤️ pour eux.

    1. Je vous en prie. 🙂 Malheureusement le monde de la compétition est bien cruel pour les chevaux… Mais j’espère que cela va changer dans les années à venir, car de plus en plus de gens le souhaitent, heureusement !

  2. comme souvent, je me retrouve dans les questionnements et affirmations. je rêve de monter ma jument sans mors, pour être plus respectueuse de son intégrité mais j’ai peur et le mors me rassure même si les formations cavalière sereine et cebtaure ont fait énormément évoluées notre relation et mon regard sur mes attitudes et les réactions de ma jument. je pense qu’il faut trouver le bon compromis pour chaque couple cavalier/cheval. et oui, la façon dont on a été éduqué  » dans notre apprentissage de l’équitation joue beaucoup. bref, j’espère affronter mes peurs et tenter l’expérience sans mors pour me prouver que la connexion avec son cheval est surtout liée à une condisnce mutuelle.

  3. 50 ans d’équitation, différentes équitation pratiquée : classique, western , espagnole …
    Je fais partie d’une famille de cavaliers/cavalières plutôt orientée vers le classique mon Parrain c’était le western ! Le mors dans les 2 cas bien présent. Avec LA recommandation : ne dire pas sur tes rênes ! Menage la bouche de ton cheval , libère son encolure .
    Avouez j’ai eu de la chance !Puis j’ai grandit (20ans) et j’ai eu mon premier poulain : entier ibérique de 18 mois : une complicité incroyable s’est créée entre nous , après beaucoup de travail /jeux/ballades à pieds pendant 3 ans , de contacts câlins et de réprimandes douces mais fermes car 58kg vs 500kg je ne faisais pas le poids …j’ai commencé la monte à cru avec juste un licol dans le pré…rhooo j’ai adoré ! Bien évidemment j’ai chuté quelques fois , le temps de m’adapter à mon cheval , Éros n’a jamais eu de mors juste un bridon adapté, je l’ai emmené partout : routes , manifestations équestres, randonnées avec des juments ( il a beaucoup chanté) 25 ans ensemble sans aucun accroc ! Je n’ai plus jamais mis de mors ni d’hackamore à aucun de mes chevaux jusqu’à ce jour où je sors encore en ballade avec ma jument de 8 ans ! Voilà.

  4. continuez à publier !
    je suis à 100 % d accord avec vous.
    néanmoins j ai une question pour le sans mors : entre l hackamor, le side, licol etho, roue de la fortune, etc.
    que préconiseriez vous pour un cheval avec beaucoup d énergie, ( sensible en general), travaillé à pieds, cavalier avec une main douce . cheval super à pieds, très réactif monté

    1. Bonjour,

      Pour moi le choix de l’ennasure ne dépend pas du cheval. J’exclue le hackamor car trop dur. Et le licol en corde dit « étho » pour la même raison. Je choisis des ennasures avec muserole large et confortable, si possible tétière anatomique, une sous auge pour la stabilité et si possible un triangle à la jointure des montants et de la muserolle pour plus de stabilité également.

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