Un cheval peut-il vraiment jouer avec un humain ?
Beaucoup de cavaliers disent jouer avec leur cheval. Mais un cheval peut-il vraiment jouer avec un humain ? Si oui, sous quelles conditions et comment savoir si ton cheval joue vraiment avec toi ?
Jouer, qu’est-ce que ça veut dire ?
La question paraît bête, n’est-ce pas ? Jouer, tout le monde sait ce que ça signifie. Pour autant, peux-tu m’en donner une définition claire ? Parce que si tu ne sais pas le définir, comment pourrais-tu savoir si ce que ton cheval fait avec toi peut bien s’appeler « jouer » ?
Jouer, c’est s’adonner à une activité uniquement pour le plaisir que cette activité procure en elle-même.
Ce qui signifie que la motivation du cheval doit être intrinsèque à l’activité qu’il partage avec toi. Pour qu’on puisse parler de jeu, il ne doit être motivé par aucun élément de pression. Il ne doit donc agir ni par peur d’une punition, ni par envie d’obtenir une friandise. Eh oui, c’est une sacré limite !
Si ton cheval a peur de ton stick, par exemple, il ne joue pas avec toi. Mais si tu le motives à la récompense alimentaire, alors il ne joue pas non plus avec toi. À aucun moment où tu as sur toi une friandise il ne peut s’agir de jeu. Puisqu’il est toujours motivé par cette friandise. Il ne s’adonne pas à l’activité que tu lui proposes pour le seul plaisir qu’elle lui procure. Sa motivation est extrinsèque et non intrinsèque. C’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles je communique avec les chevaux sans récompenses alimentaires.
Car il est tout à fait possible d’utiliser un stick avec douceur sans que le cheval le craigne en aucune façon. Et donc sans qu’il crée chez lui une motivation extrinsèque. Mais il est impossible de faire disparaitre de l’esprit du cheval l’envie d’obtenir la friandise qu’il sent sur toi. Pour que ton cheval puisse vraiment jouer avec toi, tu dois donc impérativement la bannir de vos interactions.
À quoi un cheval peut-il aimer jouer ?
Nous avons défini qu’un cheval pouvait jouer avec un humain dès lors que l’on éliminait punition et récompenses alimentaires. Reste à savoir quel type d’activité un cheval peut apprécier de faire par pur plaisir.
Le plaisir est une sensation physique. Il apparait dans le corps sous l’action de neurotransmetteurs libérés lorsque le cheval remplit l’un de ses besoins. Des réactions physiologiques apparaissent alors, que le cerveau analyse comme révélateurs d’une sensation de plaisir. Pour que le cheval joue, prenne plaisir à une activité en elle-même, il faut donc que celle-ci réponde à l’un de ses besoins. Par exemple, le besoin de contacts sociaux et d’affection. Ou le besoin de mouvement.
Il prendra aussi plaisir à toute activité qui débouche sur une libération de dopamine. Un neurotransmetteur que le cerveau du cheval utilise pour le récompenser lorsqu’il relève un défi, surmonte une difficulté ou atteint un objectif.
Pour que l’activité que tu proposes à ton cheval soit un vrai jeu pour lui, il faut donc :
- que tu aies avec lui une relation qui remplisse une partie de ses besoins de contacts sociaux ;
- lui proposer une activité qui lui permette de bouger ;
- lui donner la sensation de relever des défis et de surmonter des difficultés ;
- le tout sans utiliser ni punition ni récompense alimentaire.
De mon expérience, les moments où les chevaux développent le plus des attitudes et une énergie similaires à celles qu’ils ont lorsqu’ils jouent entre eux sont ceux où on les invite à nous suivre dans des déplacements vifs et imprévisibles. On court ensemble, on s’arrête, on repart, je pars soudain en sens inverse et tu pivote sur tes postérieurs pour me rejoindre, etc… Là, les chevaux prennent du plaisir, s’arrondissent, rentrent dans le jeu ! En liberté bien sûr.
Jouer avec un cheval est la meilleure façon de le muscler correctement !
Je pense donc qu’un cheval peut vraiment jouer avec un humain. Et ce qui est génial c’est que c’est la meilleure façon de l’amener à se muscler correctement. En effet, lorsqu’un cheval joue à nous suivre, il est animé d’une énergie qui fait naître chez lui une magnifique tonicité. Il se tient tout simplement car il se tient prêt. Prêt à changer d’allure ou de direction, à s’arrêter d’un coup et à repartir d’une puissante impulsion ! Dans ces moments-là, il se muscle tout aussi bien – ou presque – qu’il le fait lorsqu’il joue avec ses congénères. Et nul besoin, alors, ni de l’inviter ni encore moins de le contraindre à tenir une position particulière. C’est tout naturellement qu’il reporte son poids sur ses postérieurs, se gaine, monte son dos, et que donc son encolure s’arque avec grâce.
Ce que j’adore avec cette façon de « travailler » un cheval, c’est que c’est lui qui adapte sa posture. À ses capacités du jour, mais aussi à ses capacités physiques propres. Car on y pense bien trop peu mais chaque cheval porte dans son corps les traces de ses années. Des cicatrices dans ses tissus, des tensions, des raideurs, des habitudes locomotrices bien ancrées. Et dès lors que l’on tente de forcer, on prend le risque de le faire souffrir. Ce qu’il accepte le plus souvent, car il est dans sa nature de proie de souffrir en silence.
Aussi, passer par le jeu me semble une façon beaucoup plus douce, plus positive pour le cheval, plus bienveillante et plus sûre de l’aider à développer et à maintenir une bonne condition physique. Et même de le préparer à nous accueillir sur son dos au mieux de ses capacités particulières et uniques.
Merci pour ce regard qui une nouvelle fois, me réconforte dans le fait que le jour où je me suis inscrite pour suivre la formation être la cavalière sereine d’un cheval calme et confiant a été la chose la plus sage que j’ai faite. je me retrouve dans ce témoignage . merci Laure
Je t’en prie 🙂